«Cette stratégie vaccinale aveugle et uniforme n’est ni de la science ni de la médecine»

Laurent Mucchielli est sociologue, directeur de recherche au CNRS et enseignant à Aix-Marseille Université. Il a commencé dès mars 2020 une enquête sur la gestion politico-sanitaire de la crise de la Covid, dont l’intégralité peut être consultée sur le site Internet de son laboratoire. Il a récemment alerté sur « une mortalité vaccinale inédite » dans deux articles. Suite à ces publications, il a subi de nombreuses pressions et une campagne de dénigrement en France mais il continue à rendre public ce que de nombreux scientifiques taisent par peur des conséquences. Interview.

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Laurent Mucchielli, dans votre texte sur le blog de Mediapart, vous affirmez que la vaccination de masse conduit pourtant à une mortalité inédite dans l’histoire de la médecine moderne. Quelles sont vos sources d’information ?

Avec notre équipe (6 personnes dont 2 pharmaciens-biologistes et 1 médecin), nous avons étudié les sites nationaux de pharmacovigilance en France, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Suisse et aux Etats-Unis ainsi que la base européenne. Certains sites sont peu transparents (comme celui de la France), d’autres le sont beaucoup plus en mettant en ligne leur base de données que chacun peut exploiter facilement (comme aux Etats-Unis) ou difficilement (comme le site européen).

Ceci concerne donc exclusivement les quatre marques de vaccins présents dans les pays occidentaux (Pfizer, Moderna, AstraZeneca, Janssen). Nous ne parlons ni de la vaccination en général, ni des autres vaccins sur lesquels nous n’avons pas de données.

Et nos résultats montrent que la vaccination anti-covid est associée à une mortalité que chacun est libre de trouver plus ou moins forte (sans doute de l’ordre de 1 cas sur 30 000 à 40 000 vaccinations) mais qui est inédite dans l’histoire de la vaccination. Les arguments qui nous sont opposés sont de type « méthodologique de bureau », de type doctrinal si vous voulez. On parle « imputabilité » et « mortalité attendue » pour cacher les problèmes sous la table et continuer à dire que « tout va bien ». Sur le terrain, la plupart des effets indésirables graves que constatent les médecins et/ou déclarent les patients ont lieu dans les premiers jours suivant l’injection, ce qui est l’un des principaux éléments de l’imputabilité. Comme pour les morts covid, il s’agit évidemment le plus souvent de personnes qui étaient déjà fragilisées par des comorbidités ou des maladies auto-immunes. Mais il n’en reste pas moins que la vaccination a en quelque sorte agit comme le coup de grâce, ce qui ne devrait évidemment pas arriver.

Vous dites que nous sommes prisonniers d’une « idéologie vaccinale intégrale » et que cela conduit au déni des effets indésirables des vaccins.  Pourquoi parlez-vous d’idéologie pour des médicaments ?

Si nous étions dans une rationalité scientifique et médicale, des chercheurs employés dans le public et/ou le privé travailleraient pendant des années pour mettre au point un vaccin, seraient parfaitement transparents sur les produits et les processus de fabrication, le testeraient longuement et à très grande échelle, en conformité avec les règles de sécurité et en transparence sur les protocoles des essais cliniques réalisés, puis signeraient des contrats honnêtes avec des organismes de santé publique. Par la suite, des médecins le proposeraient à leurs patients au terme d’un examen minutieux de l’histoire médicale de chaque personne et d’une évaluation conjointe de la balance bénéfice/risque, parce que 1) chaque individu est différent, 2) certaines personnes doivent être considérées « à risque » au regard de leurs antécédents (cardiaques, neurologiques, allergiques, etc.) ou de leur situation présente (les femmes enceintes, les personnes malades ou en convalescence, prenant déjà d’autres traitements médicamenteux plus ou moins lourds, etc.), 3) sauf exceptions, toutes les personnes encore jeunes et en parfaite santé n’ont rien à redouter du coronavirus (elles sont asymptomatiques ou paucisymptomatiques (qui présentent très peu de symptômes ndlr) en cas d’infection).

Or ce n’est pas ce qui se passe. Nous ne savons pas tout de la composition des vaccins, les essais cliniques ont exclus certaines catégories de population, des contrats iniques ont été signés par les Etats et l’Union européenne, la généralisation a lieu alors que ces vaccins sont encore en phase de test de sécurité, la population servant en quelque sorte de cobayes de cette expérience totalement inédite. Nous assistons en effet à une campagne de vaccination visant la totalité de la population, de manière quasiment aveugle et uniforme, sous la contrainte directe (obligation) ou indirecte (chantage mettant en balance la vaccination avec des droits et libertés fondamentaux). En gros, le message est : « rendez-vous au ‘vaccinodrome’ le plus proche, prenez un ticket, faites la queue et faites-vous piquer quand ce sera votre tour ». Si vous avez de la chance, vous tomberez sur un médecin ou une infirmière qui vous passera quand même un petit questionnaire. Sachez toutefois qu’en France, depuis début juillet, la vaccination peut même être pratiquée par des assistants dentaires, des opticiens ou des diététiciens. Bientôt les coiffeurs et les esthéticiennes ? Par ailleurs, on vous dit de faire deux doses, puis on annonce qu’il y en aura sans doute une troisième, et même pour certains une quatrième. Et puis on vous dit que si vous avez trop peur du AstraZeneca, ou que la première injection avec cette marque s’est « mal passée », vous pourrez prendre un Pfizer en deuxième dose. Bref, avec les vaccins, c’est open bar à toute heure. Le tout assorti de purs mensonges, à commencer par celui prétendant que la vaccination protège de l’infection et de la transmission d’un virus qui, en réalité, a déjà muté à plusieurs reprises depuis la souche de Wuhan à partir de laquelle ont été fabriqués les vaccins ARNm. Toute l’incroyable logique discriminatoire et anti-démocratique du « passe sanitaire » est fondée sur ce mensonge.

Tout ceci n’est ni de la science, ni de la médecine. C’est de l’idéologie, associée à un commerce. Je dirais même que c’est de l’idéologie au service de ce commerce.

Le drame étant que beaucoup d’entre nous tombent dans le panneau et adoptent cette idéologie qui leur paraît sans doute rassurante.

Vous dites que cette idéologie de la vaccination intégrale est portée par les industries pharmaceutiques, les gouvernements et les principaux médias. Pensez-vous que les médias soient complices de cette désinformation ?

Cela ne me fait pas spécialement plaisir de le dire mais la réponse est oui. Depuis un an et demi, la quasi-totalité des grands médias (télévisions, radios, presse papier et Internet) sont incapables de prendre une véritable distance d’analyse vis-à-vis de la communication des gouvernements et de l’OMS. J’ai consacré un long article à analyser ce phénomène dans le cas français. La question financière est évidemment centrale dans l’analyse de la perte d’indépendance des médias. Mais il est frappant aussi de voir comment, au sein même des rédactions, les spécialistes de santé ou de science sont souvent relégués au second plan par les « fact-checkers », ces jeunes journalistes, issus souvent du numérique, qui prétendent qu’il est possible de départager le Vrai du Faux sur n’importe quel sujet, et qui se croient parfois même autorisés à trancher eux-mêmes des controverses scientifiques mondiales (voir l’affaire Raoult). Ceci non plus n’est pas sérieux.  Et cela doit être mis en lien avec un quatrième acteur (après les gouvernements, les industries et les grands médias) qui est devenu très important pour comprendre le fonctionnement du débat public : Internet et les réseaux sociaux. Google (qui est aussi propriétaire de YouTube) et Facebook (propriétaire d’Instagram) jouent un rôle de plus en plus important dans le formatage de la pensée. Ils opèrent notamment une censure énorme sur Internet, qui contribue à rendre invisibles les opinions contraires à la ligne gouvernementale. Le dernier exemple que j’ai observé date de quelques jours. Un groupe Facebook s’était créé pour permettre aux victimes d’accidents vaccinaux de le déclarer. En 3 semaines, le groupe a rassemblé 200 000 membres. Il a été censuré par Facebook ! Est-ce que ceci n’est pas totalement anti-démocratique et par ailleurs radicalement contraire aux valeurs de liberté d’expression et d’échange que vantaient ces réseaux sociaux lors de leur création ?

Vous cosignez le texte avec d’autres scientifiques, avez-vous subi des pressions suite à ce texte et de quelle nature ?

Nous sommes face à une idéologie qui divise le monde entre amis (les pro-vax) et ennemis (les anti-vax). Dès lors, il est logique d’être fortement stigmatisé dès que l’on est rangé parmi les ennemis. Nous sommes insultés cent fois par jour sur les réseaux sociaux et traités avec un mépris condescendant par la plupart des journalistes français. Pour ma part, certains sont même allés jusqu’à chercher à menacer mon emploi au CNRS. Heureusement, la plupart de mes collègues sont également très attachés à la liberté d’expression et n’apprécient pas du tout cette cabale. Dans le même temps, nous recevons des milliers de messages de soutien et de remerciement, ce qui nous conforte dans notre lancement d’alerte.

Comment pourrait-on accéder à des études scientifiques d’experts indépendants des pharmas ?

C’est très difficile. L’emprise des industries pharmaceutiques est énorme. Elles arrosent la recherche médicale, financent des laboratoires entiers, contrôlent les éditeurs qui publient les principales revues scientifiques. De nombreux savants et de nombreux médecins le dénoncent depuis des années. La première chose que devraient faire les journalistes lorsqu’ils invitent l’un d’entre eux à parler dans les médias est d’indiquer non seulement son titre professionnel mais aussi ce qu’il a déclaré comme argent perçu directement ou indirectement des industries pharmaceutiques ces dernières années. Cela réserverait des surprises. Mais je n’ai vu aucun journaliste avoir ce courage en France.

L’emprise des industries pharmaceutiques est énorme. Elles arrosent la recherche médicale, financent des laboratoires entiers, contrôlent les éditeurs qui publient les principales revues scientifiques.

Pensez-vous qu’il faudrait appliquer un principe de précaution concernant les vaccins à ARN messager ?

C’est évident. On l’a fait à d’innombrables reprises pour bien moins que ça. Mais l’idéologie vaccinale empêche d’émettre la moindre critique et même le moindre questionnement. Vous êtes immédiatement suspecté d’être « anti-vax », « complotiste » et je ne sais quoi d’autre, et donc vous êtes délégitimé.

Que peuvent faire les journalistes pour avoir accès à des sources d’information fiables sur la véritable origine du virus sars cov 2 et les effets de la vaccination ?

Pour commencer, il faudrait que les journalistes cessent de répéter benoitement tout ce que disent l’OMS, les industriels et les gouvernements, et qu’ils retrouvent le chemin de l’enquête indépendante, de l’investigation. Pour cela, il faut aussi qu’ils sortent de leurs bureaux et de leurs écrans pour retourner sur le terrain. J’en donne plusieurs exemples à la fin de mon article sur la crise du journalisme. Sur les origines du Sars-Cov-2, il faut lire l’enquête d’un ancien journaliste du New York Times que j’ai traduit sur mon blog, ainsi que le livre de Brice Perrier. Ce journaliste français indépendant a repris le dossier et il montre non seulement que la piste de l’accident de laboratoire est la plus sérieuse, mais aussi que la mission de l’OMS a été gangrénée par la présence en son sein d’un médecin très influent et aussi très corrompu.

Chacun comprend que tout ceci peut faire peur et qu’il est infiniment plus confortable de rester devant son ordinateur à faire des copier-coller des dépêches des agences de presse et des communiqués de presse des organismes gouvernementaux. Mais n’est-ce pas confondre journalisme et communication ? Je pose la question et vous remercie infiniment de m’avoir donné la parole pour que les lecteurs sachent que nous sommes nombreux à penser autrement, sans avoir par ailleurs rien en commun avec je ne sais quelle théorie du complot ourdi en secret par je ne sais quel groupuscule malveillant. En réalité, il n’y a pas grand-chose de caché. La plupart des problèmes s’étalent sous nos yeux. Il faut juste assumer de rompre avec la propagande officielle, pour y réfléchir autrement.

Propos recueillis par Grégoire Praz, journaliste RP, 17.08.2021.